
10 questions pour mieux comprendre
L’agriculture biologique est bien plus qu’un mode de production : c’est une réponse concrète aux enjeux environnementaux, économiques et sociaux actuels. Parce qu’elle préserve la santé des hommes, des animaux, des sols et des eaux, elle séduit de plus en plus de consommateurs et producteurs, malgré certains défis. Voici 10 questions pour mieux comprendre ses impacts et ses spécificités dans notre pays.
1. Quelle est la place de l’agriculture biologique en Belgique aujourd’hui ?
En 2024, les dépenses totales en produits alimentaires biologiques en Belgique atteignent 1,3 milliard d’euros (1.285.968.077€), selon les données de YouGov relayées par l’Apaq-W [1]. Cela représente une augmentation de 8,6 % par rapport à la même période en 2023 (avril à décembre).
La part de marché du bio s’élève désormais à 4,3 %, marquant un retour à la croissance après une baisse observée en 2022. Cette reprise témoigne d’un regain d’intérêt des consommateurs belges pour une alimentation plus durable et respectueuse de l’environnement.
2. Le bio aide-t-il à lutter contre le changement climatique ?
Oui, l’agriculture biologique est un véritable levier face au changement climatique. Elle se distingue d’abord par le bannissement des engrais de synthèse, dont la fabrication est extrêmement énergivore et responsable d’importantes émissions de gaz à effet de serre. En bio, seuls les engrais organiques (fumier, compost, engrais verts) sont utilisés, ce qui réduit fortement l’empreinte carbone.
Ensuite, les pratiques agricoles favorisées en bio – comme les rotations longues, les prairies permanentes, la couverture des sols ou l’apport de matière organique – renforcent la fertilité des terres tout en augmentant leur capacité à stocker du carbone. Les sols biologiques captent ainsi près du double de carbone par hectare par rapport aux systèmes conventionnels.
Selon plusieurs études européennes, l’agriculture biologique pourrait permettre de réduire de 40 à 50 % les émissions liées à notre alimentation d’ici 2050 [2].
En résumé, moins d’intrants chimiques, plus de végétation permanente et une meilleure gestion des sols : le bio réunit des solutions concrètes pour une alimentation plus respectueuse du climat.
3. Le bio est-il vraiment meilleur pour la santé ?
Selon l’ International Federation of Organic Agriculture Movements, la santé ne se limite pas à l’absence de maladie : elle représente l’équilibre et l’intégrité des systèmes vivants, incluant le bien-être physique, mental, social et écologique. Des éléments comme l’immunité, la résilience et la capacité de régénération sont essentiels à cette notion globale de santé.
L’agriculture biologique vise à préserver et renforcer la santé des écosystèmes et des êtres vivants, du sol jusqu’à l’être humain. Elle cherche à produire des aliments de haute qualité, nutritifs, qui contribuent à la prévention des maladies et au bien-être général.
Dans cette optique, elle évite l’usage de substances pouvant nuire à la santé, comme les engrais et pesticides chimiques, les médicaments vétérinaires non nécessaires et les additifs alimentaires controversés [3].
Donc oui : le bio est plus que bon pour la santé !
4. L’agriculture bio aide-t-elle à préserver la qualité de nos eaux ?
Oui, l’agriculture biologique contribue de manière significative à la préservation de la qualité des eaux. Plusieurs études, synthétisées par l’ITAB (Institut Technique de l’Agriculture Biologique) [4], montrent que les parcelles cultivées en bio présentent un lessivage des nitrates beaucoup plus faible, ce qui réduit la pollution des nappes phréatiques et des cours d’eau.
En agriculture bio, les engrais organiques combinés aux rotations de cultures et à la place importante des prairies permettent une libération progressive de l’azote et limitent son passage vers l’eau. Par ailleurs, l’interdiction stricte des pesticides chimiques de synthèse évite la contamination des rivières et des nappes souterraines.
Les résultats sont concrets : l’agriculture bio permet de réduire en moyenne de 20 à 40 % la teneur en nitrates dans les nappes phréatiques. Elle présente aussi un avantage économique : traiter l’eau polluée coûte cher, entre 3 et 22€/ha pour les pesticides et entre 8 et 24€/ha pour les nitrates. À l’échelle de Wallonie par exemple, cela représenterait une économie estimée entre 8 et 34 millions d’euros par an.
Adopter des pratiques agricoles durables et choisir le bio, c’est donc non seulement protéger notre santé et nos écosystèmes, mais aussi investir collectivement dans un avenir où l’eau potable reste accessible et de qualité pour tous.
5. Les produits bio sont-ils moins chers en magasin bio ou en grande surface ?
Contrairement aux idées reçues, les magasins bio spécialisés (vrac, à la ferme, etc.) ne sont pas plus chers que la grande distribution. Un observatoire des prix mené par BioWallonie et ConsomAction montre qu’un panier moyen de 21 produits bio coûte 103€ en magasin spécialisé, contre 101,6€ en grandes et moyennes surfaces – une différence minime [5].
Dans tous les cas, peu importe le lieu d’achat, choisir le bio reste une meilleure option pour la santé et l’environnement que l’alimentation industrielle classique !
6. Où se situe la Belgique par rapport aux autres pays européens en matière de consommation bio ?
En comparant les dépenses alimentaires bio par habitant, la Belgique se classe 11e en Europe, avec une moyenne de 101€ par personne en 2023, soit une hausse de 19,8 % par rapport à l’année précédente.
À titre de comparaison : la Suisse est en tête avec 468€ par habitant, suivi du Danemark (362€) et de l’Autriche (292€). L’Allemagne et la France affichent respectivement 190,6€ et 176€ [6].
Ce classement montre que la Belgique progresse, mais qu’il reste un fort potentiel de développement pour intégrer davantage le bio dans les habitudes alimentaires.
7. Peut-on faire confiance au label BIO ?
Absolument. En Belgique, l’appellation « agriculture biologique » est protégée par la réglementation européenne depuis 1993. Les produits bio doivent donc être certifiés par un organisme indépendant agréé, comme Certisys (code BE-BIO-01), pour pouvoir l’utiliser.
Pour exercer notre activité, nous devons donc être agréés par les pouvoirs publics, c’est-à-dire les ministères de l’Agriculture des Régions. En plus d’être agréés par les pouvoirs publics, Certisys est accrédité comme organisme de contrôle et de certification selon la norme ISO 17065 par BELAC, qui vérifie notamment notre indépendance et impartialité [7].
Si vous voyez l’Eurofeuille sur un emballage, vous pouvez donc tout à fait avoir confiance : le produit respecte les normes bio européennes.
8. Le bio crée-t-il des emplois ?
Oui, consommer bio est un acte concret de soutien à la création d’emplois chez nos agriculteurs. Biomonchoix nous l’explique : les fermes biologiques génèrent en moyenne 30 % d’emplois en plus que les fermes conventionnelles, notamment en raison des exigences du cahier des charges bio qui nécessite davantage de main-d’œuvre. En choisissant la vente directe et en transformant une partie de leur production à la ferme, les exploitations bio créent jusqu’à 60 % de travail supplémentaire par rapport aux exploitations conventionnelles [8].
En choisissant des produits bio d’origine locale, on favorise ainsi un cercle vertueux : création d’emplois, protection de la santé des agriculteurs (moins exposés aux pesticides) et soutien à des pratiques agricoles durables.
9. Le bio garantit-il mieux le bien-être animal ?
Oui. L’élevage biologique place le bien-être animal au centre de ses exigences, grâce à une réglementation stricte qui va bien au-delà des normes conventionnelles. Les animaux disposent de davantage d’espace, à l’intérieur comme à l’extérieur, et l’attache est interdite. Chaque poule doit par exemple avoir au moins 4 m² en plein air, et les porcs comme les volailles d’engraissement bénéficient de deux fois plus d’espace que dans l’élevage conventionnel [9].
L’alimentation est 100 % biologique, issue en partie de la ferme ou de la région. Les ruminants doivent recevoir au moins 60 % de fourrages comme l’herbe ou le foin et ont accès au pâturage.
L’usage des antibiotiques est limité à des traitements curatifs, sous contrôle vétérinaire, avec des restrictions précises (maximum trois traitements par an pour une vache). Les pratiques jugées contraires au bien-être animal, comme les cages, le gavage ou l’attache, sont interdites.
Consommer bio, c’est donc encourager une agriculture durable qui protège l’environnement tout en garantissant un meilleur bien-être aux animaux.
10. Que faut-il retenir sur l’agriculture biologique en Belgique ?
L’agriculture biologique en Belgique est en pleine évolution : elle progresse en termes de consommation, soutient l’économie locale, protège l’environnement et garantit des produits de qualité.
Choisir le bio, c’est faire un geste concret pour sa santé, pour les agriculteurs, pour le bien-être animal, pour la biodiversité et pour un modèle alimentaire plus durable.
Grâce à des labels encadrés, des contrôles rigoureux et une offre de plus en plus accessible, le bio s’impose comme une réponse crédible aux enjeux actuels – sociaux, économiques et écologiques.
En résumé : consommer bio, c’est choisir la confiance, la santé et l’avenir.
Sources
[1] APAQ-W – « L’agriculture biologique : les chiffres clés de 2024 », Plan Bio 2030.
[2] Soil Association – Rapport « What you can say when marketing organic », 2020.
[3] IFOAM – The Principle of Health – https://www.ifoam.bio/why-organic/principles-organic-agriculture/principle-health.
[4] ITAB (Institut Technique de l’Agriculture Biologique) – Rapport « Quantifier et chiffrer économiquement les externalités de l’agriculture biologique ? », 2016.
[5] ConsomAction – https://www.consomaction.be/blog/etudes-8/les-produits-bio-sont-ils-moins-chers-en-magasin-bio-et-vrac-ou-en-grande-surface-100.
[6] APAQ-W – « L’agriculture biologique : les chiffres clés de 2024 », Plan Bio 2030.
[7] Certisys – https://www.certisys.eu/fr/a-propos/accreditations/.
[8] Biomonchoix – https://biomonchoix.be/les-7-raisons-de-consommer-bio/soutenir-les-agriculteurs/.
[9] Biowallonie – « Démystifier le BIO » – 2024.